Lorsqu’on rencontre Pino Signoretto, on comprend que la maîtrise naît de l’humilité et de l’expérience. Ses mains lui sont des compagnes infatigables : elles imposent une forme à cette matière très difficile à travailler qu’est le verre. Car le verre n’admet ni pause ni correction : soit on termine l’œuvre, soit on la jette.
Pino Signoretto ne vient pas d’une famille traditionnelle de verriers, mais d’une famille d’artistes. Son père était musicien et peignait les maisons. Enfant, à Murano, il habitait près d’une fornace dont les fours et le feu eurent tôt fait de le fasciner. Il commença à travailler très jeune dans une verrerie où l’on réalisait des lustres et de petits objets, tels que des bonbonnières.
Élève du maître Alfredo Barbini, à 19 ans, Pino Signoretto était déjà passé maître verrier. Ce fut lui qui introduisit dans cet art de nouvelles techniques et de nouveaux outils de travail tels que la borsea ricurva (pince recourbée, et non plus plate), qui permet de mieux saisir les objets, et le cannello ossidrico (chalumeau oxhydrique), pour chauffer la sculpture de manière encore plus précise. Il est étonnant de le voir à l’œuvre avec les fourchettes (longs outils, qui ressemblent aux ustensiles de cuisine) et les aiguilles, qu’il utilise pour créer des formes parfaites.
Plusieurs fois reçu par des chefs d’État, citoyen honoraire de la Nouvelle-Orléans, maître enseignant dans plusieurs écoles aux États-Unis et en France, Pino Signoretto a créé des œuvres qui sont l’une des expressions de la beauté à Murano. Maître de grande réputation, son talent est reconnu à l’échelle internationale.
Lorsqu’on visite la Vetreria Venier, on a l’impression de se trouver dans un atelier de la Renaissance italienne, où la créativité des maîtres, la connaissance des matériaux, la rigueur, les requêtes des dames et des clients ainsi que l’obéissance révérencieuse des assistants se mêlaient dans un travail incessant.
Les figures dominantes y sont sans nul doute les maîtres verriers qui, dès leur plus jeune âge (10-12 ans), vouent leur existence à la matière incandescente. Vivent en eux des siècles d’expérience et de tradition, qu’ils font revivre par les quelques techniques (parfois par une seule) dans lesquelles ils sont spécialisés et pour lesquelles ils sont connus et estimés : certains sont experts en lustrerie, d’autres en sculptures, en vases… Leur réputation est parvenue jusqu’à d’importants chefs d’État et leurs œuvres sont exposées dans les musées les plus célèbres du monde entier.
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